Une course comme celle-ci est une aventure, un moment marquant dans une vie, un évènement qui vous fait vibrer. Lorène nous fait l’honneur de nous raconter avec ces mots comment elle a vécu cette course, comment elle s’est relevé après toute ces épreuves. Prenez le temps, ce texte donne envie de foncer droit dans la saison de triathlon !
CHTRI’MAN : week-end du 3 et 4 juillet 2021
Depuis 2019, j’ai envie de participer à un premier format ironman. Pour moi, finir un ironman représente une quête, un rêve qui me permettraient d’aller au bout du combat que j’ai mené pendant tant d’années pour retrouver mes jambes, même si évidemment ce ne seront jamais des jambes de championne olympique !!!
Mais voilà, il y a eu quelques obstacles supplémentaires qui ont compliqué cette quête : un accident de vélo à Montélimar en 2019 avec une fracture du bassin, une pandémie mondiale en 2020 qui a rendu inaccessible toute compétition.
En septembre 2020, lorsque Céline a reprogrammé le chtri’man, j’ai eu la folie (ou la sagesse) de croire que cela serait le bon moment. J’ai donc cliqué pour l’inscription au XXL : après avoir cliqué, je me suis dit : ne rien lâcher jusqu’au 4 juillet.
Les mois de préparation ont été très compliqués : pas de piscine ; toutes mes tentatives d’obtenir un créneau à la piscine du Rhône ont échoué ; un couvre-feu, à 18 heures puis ensuite à 19 heures ; des distances réduites entre fin mars et début mai. Le cocktail était explosif mais pourtant, les coachs du CRV ont trouvé des stratégies remarquables pour maintenir des entraînements de vélo du dimanche de qualité qui m’ont permis de sentir une progression régulière. J’ai rajouté de nombreuses séances de home-trainer, des déplacements de travail en vélo afin de compléter les séances au maximum.
Pour la course à pied, je me suis débrouillée avec un plan d’entraînement personnel afin de maintenir un équilibre familial. L’allée des monts d’or du Bois Dieu est devenue ma piste d’athlétisme.
Après tous ces mois de préparation, nous voici donc au fameux week-end. Fred, Baptiste et Camille viennent me chercher à la maison le vendredi 2 juillet. Et c’est parti pour plus de 700 kilomètres de route. Avec la bonne humeur générale, le trajet est très agréable. Le soir, nous découvrons notre logement réservé par Céline. Tout est super et après le repas nous allons voir la belle plage.
Le samedi, place au format S ; nous découvrons les lieux de la course, l’aire de transition, le plan d’eau d’aviron, et cette ligne d’arrivée qui me fait tant rêver !!
Tous les lions et les lionnes ont réalisé une belle course ; pour certains c’était leur premier triathlon !!
Dimanche matin réveil à 4 heures 30. La nuit a été courte car j’ai réalisé la course plusieurs fois avec des scénarios plus ou moins heureux. Gérard se lève aussi et nous accompagne avec Loriane et Joëlle sur le départ. Stéphane Barreau, triathlète plus que compétent participant à son douzième ironman m’emmène. Sa présence me rassure et me donne confiance.
Arrivée dans le parc à vélo, je me rends compte que les féminines sont peu nombreuses. Elles ont des vélos qui ressemblent à des avions de chasse et j’ai l’impression d’être un « Mickey » à côté. Je m’interroge : suis-je bien à ma place ? Trop tard…. Je chasse rapidement ces pensées négatives. Je sais pourquoi je suis là ; j’en ai rêvé ; j’ai fait le maximum pour franchir la ligne d’arrivée. L’essentiel est là et je sais que je peux y arriver.
A 7 heures : nous commençons à barboter dans l’eau avant le top départ. Voilà, nous y sommes.
La natation commence ; l’objectif avec aussi peu de natation est de ne pas perdre trop d’énergie dans l’eau. Par chance, le bassin d’aviron est rempli de cordes, de bouées qui permettent de ne pas dévier. De temps en temps je prends une petite bouée dans la tête mais j’ai la tête dure !!!!
La natation est un vrai plaisir malgré une crampe dans le mollet gauche sur les 200 derniers mètres. Evidemment, l’entraînement a manqué !!
Je sors de l’eau en 1 heure 19. Nos supporters de départ sont bien présents. Loriane est en lien téléphonique direct avec mon mari qui n’a pas pu se déplacer mais qui est bien présent, je le sais.
Début du vélo ; aïe il pleut !! Ben oui C’EST LE NORD !!!! Il va falloir être prudent. Après la grande ligne droite, un premier virage très serré. Je tourne, mais dans le champ !!! Cela commence bien.
Heureusement, tout va bien. Le parcours est très beau. J’apprécie le moulin de Watten mais je redoute déjà le mur à 17 % !!! Je croyais que le Nord était plat ; je me suis trompée. La première boucle se passe bien. Lorsque j’entame la deuxième, j’ai le temps d’apercevoir les triathlètes du L qui finissent leur natation. La deuxième boucle est plus douloureuse que la première. Le dos me fait mal et la position reste difficile. Par bonheur il ne pleut plus !!!
J’enchaîne au mieux mais je vois bien que je perds du temps par rapport à la première. J’ai eu beau faire, il m’a manqué quelques entraînements plus longs. Tant pis ; je reste sur mon objectif de finir coûte que coûte.
Vers 16 heures 30, le marathon commence. Je sais que d’autres ont fini depuis bien longtemps mais peu importe ; franchir la ligne d’arrivée reste mon objectif. Je suis contente de commencer à courir ; je sens les jambes qui se détendent et le soleil est au rendez-vous. Je suis avec un triathlète belge, Jérôme, qui comme moi, souhaite finir son premier ironman. Ensemble nous nous soutenons beaucoup.
A partir de la troisième boucle, je réalise que j’ai les pieds confinés !! Oui, c’est un terme devenu à la mode ces derniers mois !! La prochaine paire de chaussures, je la prendrai plus grande. Mes pieds sont engourdis et j’ai peine à mettre un pas devant l’autre. Il faut que je franchisse la barrière horaire !! Le stress monte et ce n’est pas bon ; il ne faut pas que je m’affole !!
Au 25ème kilomètre, quelle surprise !! Céline, Loriane et Joëlle viennent à ma rencontre, me parlent me rassurent et me voilà repartie !! Non, je n’ai pas fait tout cela pour rien !!
Avec Jérôme, nous franchissons la barrière horaire !! Nous allons finir !! Les surprises ne cessent de s’accumuler !! Gérard, Dimitri, Maxime ont rejoint les filles !! En haut de la dernière montée de cette maudite butte, mon cher Stéphane Nordé, futur compagnon à Paladru filme !! Je me sens des ailes même si ma course est de plus en plus difficile. Je n’ai pas mal aux jambes ; mes genouillères remplissent leur fonction à merveille mais pourquoi donc ai-je des chaussures trop petites !!
A la fin du parcours, Laurence et Jean-Pierre, futur équipier à Paladru sont là-aussi !! Je remercie les bénévoles du dernier ravitaillement pour leur gentillesse et leurs encouragements.
Elle est là ; je la vois qui se rapproche……. A François, venu aussi m’encourager sur la fin du parcours, je commande une bière à l’arrivée….. L’émotion est très intense ; j’aperçois Hervé et d’autres encore.

Je ris, je pleure, je ne sais plus trop bien mais je suis arrivée. Une bière dans une main, une autre dans la seconde main, je franchis cette ligne d’arrivée, épuisée mais heureuse, tellement heureuse.
Non je n’ai pas gagné un championnat du monde mais cette arrivée est une telle victoire sur la vie !!
Merci à tous d’avoir été là ; merci à tous de m’avoir soutenue les copains du CRV, les bénévoles, mais aussi ceux qui étaient restés sur Lyon ; mon mari, mon fils, mon père, mes amis et collègues.
Merci à tous les entraîneurs du CRV qui m’ont tant appris depuis 10 ans.
Que faire maintenant ? Et bien continuer et surtout j’aimerais pouvoir transmettre ce message à d’autres : NE JAMAIS CESSER d’Y CROIRE !!!
